Friday, November 7, 2008

J'étais là, pourtant.

J'étais là, mais ils ne m'ont pas vue.

Trop de monde, pour certains.

Volonté délibérée de m'ignorer, pour d'autres.

J'étais là, ils m'ont vue mais cela n'a pas vraiment compté.

Les souvenirs se sont construits sans moi. Les compte-rendus ne me mentionnent pas.

Pourquoi ?

J'ai une explication.

En réalité, j'étais là-bas sans y être. Vous savez ? Un pied dans votre monde, un autre dans le mien.

En réalité, il faut posséder un appareil photo magique pour être capable de fixer mon image sur la pellicule.

En réalité...

C'est stupide, n'est-ce pas ?

Je suis juste une personne exclue parce qu'elle n'appartient à aucun clan, parce qu'elle ne comprend jamais les private joke, parce que ses propres tentatives d'humour tombent le plus souvent à plat, parce qu'elle ne reconnaît pas la moitié des visages des personnes qu'elle croise, ou plus exactement ne sait pas associer les noms croisés sur le net à ces visages flottant dans la foule... du coup, comment approcher ceux qui sont encore, pour moi, des inconnus ?

Je me sens seule, constamment, et plus encore dans ce genre de manifestations qui grouillent de monde. J'ai bien conscience d'avoir une nature profondément mélancolique et rêveuse, déconnectée, fragile et même timide (si si). Je ne suis pas quelqu'un de moderne, je n'ai pas ce piquant, ce mordant, ce "chien" qui attirent et retiennent l'attention. Je me sens souvent vergognée, comme lorsque ma jupe s'est retrouvée coincée sous la chaise de Lucie, quand je me suis levée. J'avais envie de fondre en larmes mais j'ai réussi à m'écrouler de rire. A détourner l'attention, comme souvent. Personne n'imagine à quel point j'ai appris à faire semblant pour dissimuler ma souffrance constante. Faire semblant d'être normale, d'être intégrée, alors que je ne suis ni l'un ni l'autre. Faire semblant de ne pas être blessée quand on me balance en plein visage qu'une moitié de moi-même n'existe pas, quand on me vante la Banalité comme modèle à suivre, alors que mon être n'aspire qu'au rêve et au désincarné.

Je supporte mal mon corps et les contingences matérielles. Je ne suis pas un pur esprit (hélas, aurais-je envie de dire). Alors peut-être que ces gens qui ne me voient pas, finalement, ne cherchent qu'à me faire plaisir. A m'aider à ne pas exister tout à fait dans le monde concret. M'aider à comprendre plus intimement ce que c'est qu'appartenir à l'invisible.

Peut-être qu'un jour, après ma mort, je deviendrai un fantôme.

Alors qui sait ? Tout ça pourrait constituer un excellent entraînement ! ;op

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