Monday, May 11, 2009

Après un froid-lumière

Le souvenir premier
Appartient à la Mère
Mais sa lumière décroît toujours
Sitôt que paraît le Roi d'Ombres.
D'ombres aussi le décor,
Noir et vide,
Rien qu'un berceau posé
Sous le double regard,
Et la voix qui hurle en silence
Cet ordre d'expulsion.
Puis je suis là, hantée :
Une enfant aux sanglots affamés.

Le souvenir second
M'est venu dans la nuit d'un songe.
La tour était de métal bleu,
Sans entrée ni créneaux,
Ni toit pour poignarder le ciel.
Rien qu'une forme pure à la taille marquée,
Entre un ciel incertain et des prairies trop vertes.
Trois l'approchaient
Et j'étais chacun d'eux :
Un guerrier, une femme,
Et un poète-magicien.
C'est celui-ci que j'ai traqué
Pendant plus de vingt ans.
Et cependant, en le cherchant,
Souvent j'ai recroisé la Mère.

Aujourd'hui, je les vois presque imbriqués,
Comme si les Autres Côtés
S'étaient superposés, fondus.
Destination unique
Et source pareille :
La Mère.
Le fils est le lien que je n'ai pas à fabriquer,
Les filles sont la tresse d'amarrage,
Et tous les tambours que je frappe
Nous mènent les uns vers les autres.